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(Kenneth E. Boulding)
Que penser alors de la Déclaration des Rencontres d’Aix du Cercle des économistes dont l’objectif est de présenter des pistes pour inventer la croissance de demain ?
Le constat et les solutions proposées sont simplistes. D’après nos « économistes », le monde est à un tournant historique et son salut passe obligatoirement par l’invention d’une « autre croissance », surtout en Europe et aux États-Unis car, comme ils l’expliquent : « le monde ne pourra pas connaître de véritable développement si l’Europe, et a fortiori les États-Unis, étaient en panne de croissance ».
Selon le « Cercle des économistes », la croissance comme seule visée de notre société a encore de beaux jours devant elle. Heureusement, cette croissance sera plus efficace pour répondre aux besoins spécifiques du XXIème siècle, avec une orientation vers de nouveaux secteurs comme le « green business », l’économie des seniors, la société numérique, les nanotechnologies, la robotique ou l’invention de technologies économes. Ils ont trouvé : croissance et foi dans la technologie vont nous permettre d’avancer vers un monde forcément meilleur mais dont les objectifs restent finalement les mêmes.
Le Parti Pour La Décroissance ne peut que combattre cette vision croissanciste de l’avenir. Nous estimons que la croissance n’est pas la solution mais bien le problème. Au regard des trente dernières années, notre civilisation a connu une croissance sans précédent sans pour autant faire cesser la « crise », le pillage et la dégradation de la planète (pollutions, diminution de la biodiversité, destruction de paysages …), l’installation d’une misère sociale et culturelle grandissante, avec une uniformisation de nos modes de vie, une standardisation du bonheur, finalement, une aseptisation de nos existences.
La crise que nous traversons est bien plus globale que le pense ce petit « Cercle de fous » et touche le monde à des échelles différentes prouvant bien que c’est le système capitaliste, productiviste, consumériste et libéral qui est en crise. La situation actuelle est le fruit d’une crise multidimensionnelle, à la fois énergétique, environnementale, sociale, économique, culturelle et politique.
La question n’est donc pas de sauver le système capitaliste, responsable de la situation catastrophique dans laquelle se trouve l’humanité mais bien d’en sortir. Il faut cesser de soigner le capitalisme par la prise de médicaments qui nous font renoncer à rechercher les causes de ses maux, arrêter de se bercer avec l’illusion de le rendre humain, vert ou plus équitable.
Nous proposons de faire ce pas de côté – c’est-à-dire changer de paradigme et ne plus croire que le « toujours plus » suffit à donner du sens – pour sortir de la logique capitaliste, productiviste, consumériste et travailler sur des alternatives crédibles, existantes ou à créer.
Le « Cercle des économistes » estime que la Décroissance aboutirait à un monde qui se meurt, nous pensons l’inverse. C’est bien l’idéologie croissanciste qui détruit la planète et les humains.
Se positionner contre la publicité, la civilisation de l’automobile, l’agriculture industrielle, amorcer une politique de ménagement du territoire fondée sur un questionnement sur le transport, le travail, les énergies, la santé publique ou être en faveur d’une Dotation Inconditionnelle d’Autonomie c’est-à-dire essayer de proposer une alternative crédible à l’échec du système croissanciste, où le bonheur n’est plus que synonyme de consommation et d’individualisme, est davantage qu’une posture anticapitaliste mais bien un positionnement positif en faveur d’un monde plus juste et soutenable. C’est redonner le sourire et l’envie de vivre autrement et ensemble. A nous d’imaginer des façons acceptables et attirantes pour s’adapter aux limites écologiques de la planète et faire, enfin, vivre les hommes dignement.
Sortons de l’idéologie de la croissance pour entrer en Décroissance afin que le bonheur soit humain et non économique.
Parti Pour La Décroissance