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La ville tente tous les plans de relance possibles et imaginables… mais s’enfonce toujours plus !
Nous sommes plus de vingt ans après, vingt ans de misère, d’exclusion, de violence… les conséquences dures d’une récession subie. Le redressement productif n’a pas eu lieu. Mais la région, centre mondial de l’industrie automobile, de Flint à Detroit connaît depuis quelques années une renouveau inattendu : une transition vers l’après-industrialisme, comme le montre, entre autres, un web-documentaire réalisé par deux journalistes françaises : « les fautifs sont nombreux, mais le 20ème siècle productiviste, né et mort à Détroit, explique en partie la chute : « Les Détroiters ont été les premiers à pâtir du mirage d’une croissance sans limite. Ils en tirent aujourd’hui des leçons : ils construisent la société de demain avec ce qu’il reste de la précédente. Cela ne se fait pas sans heurt ni peine, ça commence doucement mais c’est justement aujourd’hui qu’il faut en parler !« »
Récession subie ou Décroissance choisie ?
L’expérience de Detroit et sa région devrait inspirer nos amis syndicalistes d’Aulnay-sous-bois. Elle devrait amener notre nouveau Président, son Ministre de l’Industrie
Vers une sortie de la société de l’automobile !
Cette catastrophe pourrait ou plutôt devrait être pédagogique et ainsi initier un débat sur « Qu’est-ce que l’on produit ? Comment ? Pour quel usage ? » A l’examen de ces trois questions, concernant la bagnole, la réponse est rapide et claire : la reconversion !
L’automobile est le symbole de l’absurdité de nos sociétés dites développées et cumule tous les maux sociaux et culturels, outre le fait qu’elle nous amène dans une impasse énergétique et environnementale.
Absurde ? Selon les calculs d’Ivan Illich un Américain moyen consacre, au début des années soixante-dix (et cela doit être pire aujourd’hui au vu de l’augmentation tarifaire du pétrole), environ mille six cents heures par an à sa voiture, que ce soit en temps de déplacement ou en temps de travail pour la payer. Il parcourt dix mille kilomètres par an. Cela représente donc une vitesse moyenne d’environ 6 km/h… soit la vitesse de la marche à pied !
Un non-sens social et culturel ? La voiture est le symbole à la fois de l’illusion de toute puissance de notre société de croissance et aussi de l’individualisme exacerbé qu’elle promeut. Elle occupe plus de 50% de notre espace public et nous y passons en moyenne plusieurs heures par jour.
Une impasse énergétique et environnementale ? Pic de pétrole et changement climatique, sans même parler d’étalement urbain et de bétonnage des terres agricoles… Il est souhaitable de sortir le plus vite possible de la société de l’automobile… sinon, nous y serons de toute manière forcés !
Mais l’automobile, c’est aussi l’usine :
« J’ai un doigt, le gros, j’ai du mal à le bouger, j’ai du mal à toucher Dominique le soir, ça me fait mal aux mains… La gamine quand je la change, je peux pas lui dégrafer ses boutons… Tu sais, t’as envie de pleurer, dans ces coups de temps-là… C’est tout ça, tu comprends, t’as du mal à écrire, j’ai du mal à écrire. J’ai de plus en plus de mal à m’exprimer, ça aussi c’est la chaîne… »
Extrait du documentaire Attention danger travail, réalisé par Pierre Carles, Christophe Coello et Stéphane Goxe en 2003.
Pour une transition démocratique et sereine vers des sociétés soutenables et souhaitables de Décroissance
Ainsi, ce qui se passe de manière générale en Seine-Saint-Denis et en particulier à Aulnay-Sous-Bois est une opportunité pour initier une politique de transition afin de sortir de notre dépendance aux énergies fossiles à travers une relocalisation ouverte de nos productions de nourritures, d’énergies et de services.
Nous proposons, dans une volonté d’initier une transition et en s’appuyant sur une protection sociale ambitieuse :
– La mise en place d’un Revenu Inconditionnel d’Existence pour l’ensemble des personnes touchées par ces licenciements. Ce revenu, au fur et à mesure de la transition, serait remplacé par une Dotation Inconditionnelle d’Autonomie.
– Des fonds alloués pour les familles souhaitant retourner à la terre, dans une logique de rééquilibrage de l’aménagement de notre territoire et d’exode urbaine choisie, afin d’une part de revitaliser les campagnes et d’autres part de soutenir une agriculture paysanne soutenable de proximité.
– Le démantèlement et la dépollution des sites industriels, financés par les industriels responsables puisque c’est de leur ressort.
– Le soutien à toutes initiatives locales allant dans le sens d’une relocalisation ouverte : retour de la terre en ville et mise en place d’une agriculture de proximité, économie locale et solidaire, mise en place d’ateliers de recyclage, de réparations et de fabrications, développement d’une vie culturelle et conviviale riche, éducation et formation professionnelle (permaculture, communication non violente, réparation de vélos, etc.), participation citoyenne aux décisions et réappropriation démocratique des outils, etc.
– La mise en place de systèmes économiques locaux alternatifs et participatifs : monnaies locales fondantes, systèmes d’échange et espaces de partage et de gratuité.
Il va de soi que pour financer ces projets, les entreprises et les actionnaires participeront à cet effort collectif, en particulier grâce à une réappropriation des terrains et des espaces.
Et si Aulnay-Sous-Bois devenait un modèle d’une transition démocratique et sereine réussie ?
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