« Toxic
William Reymond revient avec un nouvel ouvrage sur la malbouffe. Les objecteurs de Croissance en ont également fait un de leurs combats et les ouvrages de William Reymond s’avèrent être des armes pour rêver à une autre alimentation, une autre agriculture, … un autre monde sorti de la croissance, du productivisme et du consumérisme responsables de trop de maux.
Dans un premier ouvrage intitulé Toxic, William Reymond s’était interrogé sur les causes de l’obésité, véritable pandémie qui s’étend sur l’ensemble de notre planète. Il en explique les causes en dénonçant le rôle des industries agro-alimentaires responsables de la production d’une alimentation industrielle nourrie de sirop de fructose ou d’huile partiellement hydrogénée. Notre société de stress, hyper-sédentaire, la taille des portions avalées ne sont que des facteurs accompagnant la pollution de notre alimentation et les solutions de manger moins et de bouger plus ne suffiront pas en enrayer la pandémie de l’obésité car le mal est plus profond.
C’est parce que William Reymond a voulu aller plus loin dans l’explication de notre échec alimentaire qu’il a écrit Toxic-Food, principalement pour condamner l’industrialisation de l’alimentation1 et la success-story de l’industrie agro-alimentaire.
William Reymond explique que la course aux gains a eu des répercussions terribles sur notre alimentation. Il précise que les fruits ou les légumes ont perdu en quelques décennies leur apport en vitamines ou en anti-oxydant pour se gorger d’eau.
Les populations se révèlent autant victimes que coupables. Victimes car nous en subissons les conséquences et le coût est très lourd car il touche à note santé. Coupables car nous avons voulu disposer en toute saison de produits autrefois introuvables à des tarifs abordables, que nous avons acceptés les cadences de la société et ne plus prendre du temps pour se nourrir et se préparer le repas.
La sentence de William Reymond est terrible, notre mode alimentaire nous conduit à la tombe. C’est ce que l’auteur appelle la Toxic-Food c’est-à-dire une nourriture appauvrie en apports essentiels mais enrichie en sucre, en graisse et en sel, responsable du développement de nombreuses maladies (cancers et maladies cardio-vasculaires). En outre, cette nourriture appauvrit les sols et la bio-diversité tout en favorisant une agriculture industrielle et intensive pour enrichir l’industrie agro-alimentaire. Le bilan est alarmant : l’alimentation moderne est une pollution. La malbouffe rend mortellement malade.
Cette pollution nous contamine et la puissance des lobbys de l’industrie agro-alimentaire, que William Reymond compare aux cigarettiers des années 50-60, explique l’inertie du pouvoir politique. L’auteur décortique les mécanismes de manipulation de l’information de la part des géants de l’agro-allimentaire qui manipulent les médias, les médecins, usent et abusent de la publicité pour semer la confusion dans l’opinion publique et discréditer les enquêtes scientifiques. C’est de la désinformation comme le montre l’auteur en prenant l’exemple de l’acrylamide. Il faut dire qu’une des hantises de ces industriels de l’alimentaire est, selon l’auteur, que les Etats légifèrent et interdisent certaines substances et certaines pratiques, finalement qu’ils assument leurs rôles de façon objectives et indépendantes. En effet, l’acrylamide, les acides gras trans (issus de l’hydrogénation partielle de l’huile), les nitrosamines, le sirop de fructose-glucose restent au cœur de notre alimentation. L’auteur regrette que le principe de précaution existe pour ne pas être appliqué que ce soit pour les risques que nous faisons courir à l’environnement ou à notre santé.
William Reymond explique que les effets de la toxic-food dépassent la « simple » pandémie d’obésité. L’alimentation grasse, salée, sucrée et chimique est responsable ou facteur aggravant de l’augmentation de cas de diabètes, de cancers, de maladies cardio-vasculaires, voire de maladies neurologiques. Les causes environnementales de ces fléaux sont très liées à la nourriture industrielle, aux pesticides et aux composants chimiques. C’est un coût humain honteux et un coût financier considérable.
William Reymond finit par essayer d’avancer quelques propositions pour sortir de l’impasse alimentaire. Il n’est pas tendre puisque, selon lui, la mollesse de notre résistance et l’absence d’esprit de reconquête ont favorisé cette toxic-food Il faut donc retrouver l’esprit de Spartacus et amorcer une nécessaire révolution alimentaire qui relève de décisions individuelles qui, en se multipliant deviendront collectives. Pour William Reymond, si le bulletin de vote est une arme, nous votons également à chaque repas.
Dans le Post-Scriptum, William Reymond met en évidence la collusion entre politique et industrie agro-alimentaire en s’appuyant sur le plan français de lutte contre l’obésité.A la lecture de cet ouvrage, le besoin de Décroissance se légitime tout comme le besoin d’imaginer une autre agriculture pour une alimentation saine mais aussi la nécessité de lutter contre le lobbying et en faveur d’une information transparente et indépendante.
Voici un chantier qui attends nos uto-pistes et qui en appellent à plusieurs niveaux et pour plusieurs domaines d’activités.
Nous vous invitons à lire Toxic et Toxic-Food ainsi qu’à en discuter autour de vous pour informer mais, également, réfléchir quant aux solutions à apporter.
« Comme l’écrivait Hippocrate, notre nourriture est la première source de notre bien-être. A nous de refuser qu’elle soit à l’origine de notre déclin »
« … où des consommateurs malades condamnés à prendre chaque jour des médicaments refusent de renoncer aux causes de leurs maux »
« Consommer le plus possible des aliments issus de l’agriculture biologique et locale n’a donc jamais eu autant de sens »
« L’ennui, c’est que le consommateur ignore la présence des ces éléments cancérigènes dans sa nourriture »
« Et le doute est l’arme de défense principale des gardiens de la toxic food »
« L’évolution de la nourriture a en fait dépassé le rythme de notre propre évolution. Laquelle, plus encore que ses surcharges en graisse, sel, sucre et produits chimiques, ne correspondent plus à nos besoins vitaux. Mais voilà, continuant à engouffrer des aliments qui s’opposent à la genèse même de son identité humaine, l’Homo alimentus modernus s’empoisonne bouchée après bouchée »
1 Qui, comme le précise W. Reymond, est à l’origine du mot malbouffe en 1979 bien avant que cette expression soit reprise lors du scandale de la « vache folle » ou par José Bové pour lutter contre MacDonald.