Nous
Je suis interrogé depuis son lancement sur la campagne « José Reviens ! »
Je ne suis absolument pas partie prenante de cette opération ni aucun des OC des gauches que je côtoie. J’ai effectivement utilisé cette formule depuis deux ans mais dans un sens différent. J’ai écris un livre en 2007 « »José Bové le candidat condamné » (Golias) pour dénoncer son choix d’un positionnement « seulement antilibéral » et non pas antiproductviste/Objection de croissance (comme nous lui avions proposé lors de la marche nationale pour la décroissance….) et pour critiquer le choix d’utiliser dans sa campagne des recettes de marketing politique. Je parlais cependant d’un « »accompagnement critique » » de sa campagne car la diabolisation de Bové (et aujourd’hui d’EE-lesVerts) est contreproductive… Elle fait le jeu d’une écologie de droite, elle fait le jeu de nos adversaires. Nous avons effectivement des désaccords avec la ligne majoritaire d’EE-LV. Nous devons en parler en dehors de toute diabolisation, de toute caricature. C’est pourquoi j’avais répondu favorablement à l’invitation des Verts pour exposer nos critiques lors de leur Université d’été de septembre 2010…J’y avais expliqué que la charte proposé par Yves Cochet était une excellente base de discussion et qu’il ne s’agissait pas de laver plus blanc (avec E. Joly) mais plus rouge et vert.
J’ai effectivement signé en février 2011 dans le journal la décroissance un texte nuancé publié en pages politiques sous le titre « José, du côté obscur de la force » et repris en Une sous le titre « »José reviens » »……titre que cette opération médiatique emprunte et détourne dans un but tout autre que celui du texte initial.
Bové n’est pas un traitre auquel on devrait offrir les conditions d’une repentance…
Cette opération dont le style même est plus religieux que politique est dangereuse.
En politique, on n’excommunie pas, en politique, on ne vend pas des actions de grâce.
On ne peut critiquer José Bové sans en même temps reconnaître la qualité du travail effectué tant sur le plan de l’agriculture que sur celui des gaz de schiste…
La diabolisation et la défiguration de l’adversaire sont des procédés religieux et non pas politiques. Cette opération médiatique est donc pour moi celle de Vincent Cheynet et de sa petite clique… lui-même étant un bon représentant de cette décroissance de droite catho….Cf : le texte paru sous la plume de Jean-Baptiste Malet dans Golias Hebdo du 26 janvier 2012 sur la décroissance et « »l’écologie, nouvelle arme des chrétiens réactionnaires » ».
Je comprends donc la position du PPLD (Parti Pour la Décroissance) dont je ne suis pas membre et qui signait le 2 janvier 2012 un long communiqué (disponible sur son site) sous le titre : « »le journal la décroissance, la saloperie que nous n’achèterons pas ».
Je comprends la déclaration de Yves Cochet : « la tournure du journal est très virulente. Ils attaquent ad hominem les personnes qui sont les plus proches : les écolos ou les décroissants en général, plutôt que les adversaires politiques que sont les productivistes, les pronucléaires, les gens de droite ou d’extrême-droite (…). Cheynet, je ne sais pas où il va, mais ça sent très mauvais. » (in Golias Hebdo de janvier 2012).
Je comprends Jean-Paul Besset, euro-député EE-LV : « Cette diabolisation systématique de ceux qui ne sont pas d’accord avec ce que l’on dit, pour moi, c’est une catastrophe. C’est une démarche réactionnaire (…) .Je ne lis plus ce journal car c’est un lieu de haine, d’exclusion, qui ne fait plus avancer les idées » (Golias Hebdo de janvier 2012).
Je ne signerai donc pas cet appel qui conforte les clivages qui ont fait exploser la décroissance entre une petite minorité de droite camouflée en « »ni droite ni gauche » » et une grande majorité issue des différentes familles des gauches antiproductivistes.
Nous avons bien mieux à faire pour faire gagner la justice sociale et climatique, pour faire avancer l’idée de gratuité des services publics et celle d’un revenu garanti.
Nos rendez-vous ne sont pas ceux de la diabolisation religieuse et de la repentance.
Nous organisons le forum mondial de la pauvreté fin juillet 2012 avec Emmaus-Lescar-Pau.
Nous organiserons le deuxième forum national de la désobéissance fin septembre à Grigny.
Deux livres existent sur cette scission entre décroissance de droite (ni gauche ni droite) et celles des gauches : Un qui vient de paraître chez Parangon (avec la participation de tous les milieux de la décroissance sauf ceux d’extrême-droite et de droite même camouflée en ni gauche ni droite), un autre à paraître chez Golias sous la direction de Michel Lepesant, animateur du MOC (mouvement des Objecteurs de croissance de sensibilité libertaire).
Salut et fraternité
Paul Aries
Directeur de la rédaction le sarkophage