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Proposition d’explication : la croissance est un indice mathématique, un imaginaire, un système. Au final, la croissance est une idéologie.
– La croissance est un indice mathématique : c’est l’augmentation continuelle de la production de biens de services, et d’échanges dans une économie. Cette production est mesurée par le PIB. Ce dernier ne tient pas compte de la qualité des productions : une économie qui soigne au lieu de prévenir est en croissance. Le nettoyage d’une marée noire, faire la guerre, participe à la croissance. Construire des écoles aussi.
– La croissance est un imaginaire : la croissance, c’est le progrès, le mieux. Une plante croît. Un enfant grandi La croissance, c’est positif. La croissance apporte le bonheur… la croissance est la condition du bien-être des populations. La croissance est synonyme d’emplois.
– La croissance est un système : le système est productiviste. De tous les systèmes productivistes, le capitalisme est apparemment le plus efficace pour faire croître le PIB (ou du moins, le plus efficace pour faire croire qu’il est le plus efficace). Le système s’appuie sur la technologie, voire le techno-scientisme, sur la valeur travail, l’esprit de concurrence, le devoir de compétitivité. Ce dogme de la concurrence fait que le système est surtout le plus efficace pour créer de l’inégalité entre les plus riches et les plus pauvres (toutes échelles confondues), mais « peu importe, puisque grâce à la croissance, il leur restera quand même quelques miettes ». Ce système a de plus en plus besoin d’énergie pour fonctionner, c’est un système à forte entropie. Ses moteurs sont l’obsolescence programmée, la dette et la publicité.
– L’idéologie de la croissance consiste à faire l’amalgame entre l’indice, l’imaginaire et le système. Ainsi les 1% les plus puissants des 20% qui exploitent les derniers 80% s’appuient sur un indice apparemment objectif, pour conforter le système et ses conséquences, en promettant l’imaginaire liée à cette croissance. La promesse du bonheur au service d’un système. Une croyance qui relève de la pensée magique.
La décroissance, c’est dénoncer les méfaits de la croissance telle qu’elle est définie ci-dessus. La décroissance, c’est une vision cohérente d’une société non-violente, sans exploitation de l’homme par l’homme, respectueuse de son environnement sans obéir à la croyance économique. Et la décroissance, c’est proposer des uto-pistes de transition vers cette société soutenable et souhaitable : dotation inconditionnel d’autonomie (gratuité des besoins de base couplée à une forte progressivité des prix pour la consommation supplémentaire, services publics, monnaies locales complémentaires fondantes), alliés à un revenu maximum autorisé, relocalisation et circuits courts (agriculture, productions manufacturées,…), …
L’objectif de la décroissance n’a jamais été figé sur la diminution du PIB. La décroissance c’est proposer d’autres pistes, d’autres alternatives sans rester axé sur les référentiels du capitalisme qui n’ont pas de sens. La décroissance n’a jamais été la décroissance du PIB pour la décroissance du PIB.