Contre
Les faits sont têtus :
depuis des années la croissance du chômage est inexorable. Toutes catégories additionnées (et en ne tenant que compte des inscrits à Pôle emploi), c’est aujourd’hui près de 5 millions de personnes qui sont, soit totalement sans emploi, soit tentent de survivre en alternant petits boulots précaires et chômage mal ou non indemnisé. Conséquence de la raréfaction des emplois, 8,2 millions de personnes sont condamnées à la mal vie avec moins de 950 euros par mois.
Sauf réorientation économique et politique radicale, cette insupportable réalité ne fera que s’aggraver. A l’échelle européenne, 25 à 30 % de la population active est au chômage, ou doit se contenter d’une vie hachée, insécurisée par la précarité des petits boulots « c’est mieux que rien ».
Répudier la « valeur travail » pour enrichir la vie
Les gains de productivité forment une tendance séculaire indéniable : en 1870, les salariés travaillaient 2 864 heures par an, en 1988, 1610. Entre temps le niveau de vie a été multiplié par 10. Cette tendance à la diminution du temps de travail est observable dans tous les pays développés, et pour une production croissante mesurée par le Pib, abstraction faite de sa qualité réelle et des dégâts environnementaux qui le font grossir…
Ce qui explique la genèse du fléau chômage, ce n’est pas tant la mondialisation, les délocalisations (bien qu’elles jouent un rôle d’amplifications…), mais plutôt notre incapacité à gérer (par la Rtt) des gains de productivité colossaux. Depuis 1974, en France, le volume de production à plus que doublé, avec un volume d’heures de travail en diminution : 41 milliards d’heures à 27, milliards. Les gains de productivité doivent impérativement être affecté à la réduction du temps de travail plutôt qu’à produire toujours plus. C’est une question d’écologie mentale.
La révolution micro-électronique qui accélère le processus de production sans producteurs (quelques techniciens surveillants/réparateurs peuvent suffire), va de toute façon provoquer une réduction du temps de travail,… sous la forme socialement nocive du chômage proliférant…
C’est l’ensemble des temps sociaux qu’il faut examiner pour se diriger vers un nouvel art de vivre. La Rtt n’est pas séparable d’une perspective de décroissance, il nous faut répudier la valeur travail pour enrichir la vie ! Une économie économe orientée vers la production de valeur d’usage durable devrait permettre de travailler (beaucoup) moins. La création de véritables emplois d’utilité écologique et sociale c’est permettre une distribution moins inégalitaire des revenus.
Pour voir venir : les 32 h tout de suite !
La société divisée que nous impose le productivisme capitaliste est une société malade et mortifère. Nous avons d’un côté les exténués du boulot, forcément incapables d’atteindre les objectifs assignés, Le stress et la dépression mènent trop souvent au suicide…Et, sur les marges étroites de la survie les chômeurs et précaires décrétés « surnuméraires » et inutiles au monde. C’est une stratégie payante pour le capitalisme productiviste. Gouvernement par la peur, et management par le stress… Division profitable pour la bourgeoisie qui fait de la crainte du lendemain une menace disciplinaire efficace.
L’idéologie du travail (qui trop souvent a contaminé la gauche productiviste et travailliste), n’est plus d’époque, il importe de décoloniser les imaginaires politiques. La question du mode d’emploi de la vie est la question qui compte. « Ne plus perdre sa vie à la gagner », suppose de réduire l’empreinte de la nécessité du travail. Il n’y à pas de problème de production quantitative, mais un problème de répartition : la Pib 2012 est sensiblement égal à 2 000 milliards d’euros, le gâteau est assez gros, mais qui tient le couteau, qui distribuent les tranches ?
« Un revenu, c’est un dû, un emploi, c’est un droit ! » Concrètement, nous exigeons de travailler moins, pour travailler toutes et tous.
La semaine de 32 h, doit être rapidement instaurée. Avec, bien sûr, la création d’emplois afférents et sans diminution des petits salaires évidemment. Dans une phase de transition (vers le plein emploi), les allocations chômage et les minima sociaux, les retraites inférieures au Smic, devraient être revalorisés. La croissance de la misère est une arme dont use et abuse le patronat. Il est ans l’intérêt des salariés en poste que les demandeurs d’emploi soit en capacité de négocier leur insertion dans l’entreprise.
Les 32 h, pour voir, un examen des modulations par branches et secteurs d’activité est, bien sûr nécessaire.
Pourtant la Rtt, reste l’horizon indépassable d’une politique d’émancipation.
Attaquer la « valeur travail » (de fait le « surtravail » imposé par le capitalisme), c’est viser le cœur de cible de l’idéologie dominante. Ca fait mal ? Dommage, mais nous n’avons plus les moyens de ménager les dominants et accumulateurs de dividendes ; la survie du grand nombre est l’enjeu de la confrontation nécessaire…
Source : http://www.ac-chomage.org/spip.php?article1966
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