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Contre la déprime de l’austérité, l’espoir de la Décroissance
D’une récession subie à des Décroissances choisies
La ville de Détroit, aux États-Unis, la Grèce ou encore l’Espagne continuent de connaître les maux d’une récession subie et les effets dévastateurs des plans d’austérité avec la destruction des solidarités institutionnelles, le chômage, les expulsions et leurs conséquences humaines terribles. Pourtant, nous assistons à un renouveau post-industrialisme à Détroit ou encore l’émergence, à l’échelon local, de nouvelles formes d’organisations de la société en Grèce ou en Espagne. Ces cas sont exemplaires d’une convergence entre d’une part les réactions des citoyens face à une récession subie et d’autre part les actions entreprises par des collectifs recherchant de nouveau mode de vivre ensemble dans les pays moins touchés par les plans d’austérité européens. Le résultat est parfois le même, ne divergent que les chemins.
Toutefois, ces expériences sont des laboratoires de transition qui ne doivent pas nous faire tomber dans un romantisme béat car elles sont aussi les conséquences de ce que nous ne voulons pas : une récession subie.
Par contre, elles représentent bien des espoirs, des pistes pour travailler aux transitions, non pas seulement la transition énergétique, mais aussi une transition démocratique, économique pour s’engager dans un processus de réappropriation de la vie publique et du sens que nous souhaitons donner à nos vies. Déjà présent dans nos sociétés, la récession avec la croissance des inégalités ne va qu’amplifier la misère, le mal-être, la violence, la solitude, la perte de sens et de repères ou encore le stress qui rongent nos vies.
Quant à l’austérité, elle nous est justement présentée comme la solution inéluctable pour nous sortir des crises de la dette, pour sauver une société pas plus soutenable que désirable. Relancer la croissance par l’austérité est d’une irrationalité aussi invraisemblable qu’absurde, au même niveau que de croire qu’une croissance infinie dans un monde fini soit possible. C’est encore pire que ça fasse sens. L’austérité est une illusion, celle de croire que nous pouvons relancer la société de croissance, pourtant dans une impasse écologique, sociale, culturelle.
Ainsi, plutôt que de continuer à nous enfoncer toujours plus avec l’austérité, à renforcer les inégalités, à défendre les intérêts d’une oligarchie toujours plus forte et à entretenir le mythe d’une pseudo-relance qui ne résoudrait rien, nous proposons un pas de côté.
Sortir de la religion de l’économie
Il faut remettre l’économie à sa place, au service de la société, de la politique et d’une transition démocratique. Ainsi, il faut refuser cette impasse technocratique, oligarchique et productiviste dans laquelle se trouvent les institutions européennes et ouvrir le débat pour l’annulation des dettes publiques, la réappropriation de la création monétaire et la mise en place de monnaies locales complémentaires.
La première des décroissances doit être celles des inégalités !
Nous soutenons toutes les démarches permettant plus de partages afin de nous réapproprier l’espoir et la sécurité et ainsi devenir acteur de la transformation. Nous soutenons la mise en place progressive d’une Dotation Inconditionnelle d’Autonomie couplée à un Revenu Maximum Acceptable : dans un premier temps nous proposons de travailler moins pour travailler tou-te-s.
Pour une transition démocratique et sereine vers de nouvelles sociétés conviviales, soutenables et désirables.
Ainsi nous soutenons une relocalisation, ouverte, de nos activités économiques et productives et de nos décisions en s’appuyant sur une logique d’espaces écologiques en nous basant sur la transition qui est déjà en marche à travers l’ensemble des initiatives citoyennes que l’on voit émerger partout. C’est évidemment la solidarité et la coopération entre les territoires et l’ouverture culturelle qui alimentera une telle relocalisation.
Contre la déprime de l’austérité, l’espoir de la Décroissance
Il y a de nombreuses raisons d’être pessimistes lorsque l’on regarde tous les indicateurs environnementaux, sociaux, énergétiques mais aussi politiques avec la montée des extrêmes-droites. Lutter contre cette austérité oligarchique c’est rompre avec le renoncement, la misère, la peur qui nous bloque et se réapproprier la chance de devenir actrices et acteurs des transformations qui sont devant nous. Ainsi, non à l’austérité, oui à la réappropriation démocratique des outils économiques pour construire ensemble, créer et expérimenter de nouvelles sociétés démocratique, conviviales et autonomes. Contre l’austérité, décolonisons nos imaginaires et inventons le bien vivre de sociétés d’abondance frugale solidaires et soutenables.
Vincent Liegey, Stéphane Madelaine, Christophe Ondet, Anne-Isabelle Veillot.
Co-auteurs d’ « Un projet de décroissance. Manifeste pour une dotation inconditionnelle d’autonomie« , préface de Paul Ariès. Les éditions Utopia, 150 pages, 7 euros.