Manuel
Les préoccupations de nos dirigeants et des médias semblent bien éloignées de l’urgence sociale et écologique. Notre interprétation de la crise n’est pas la même. Ils pensent que la croissance reste la solution, nous pensons qu’elle est le problème :
Depuis quatre décennies nos sociétés occidentales sont sur-saturées de biens matériels, tout en échouant perpétuellement à satisfaire les besoins élémentaires d’un nombre trop important de ses citoyens. Et ce, au détriments des pays du sud envers lesquels nous avons une dette écologique. La course à la croissance par le consumérisme est une impasse, à la fois sociale et environnementale.
Il est temps que la valeur d’usage des biens et services prédomine sur leur supposée valeur économique ; qu’est-ce qu’on produit, pourquoi et comment ? Il est temps aussi, d’envisager le partage de la production et de la redistribution des richesses autrement qu’à travers la marchandisation du travail : la DIA (revenu de base partiellement démonétarisé) associé à un RMA (revenu maximal acceptable) sont des pistes de réflexion.
Tant que ces réflexions n’auront pas lieu, tant que nous ne saurons pas imaginer l’équilibre ailleurs que dans la croissance, il est inenvisageable de sortir de cette crise qui dure depuis plus de quarante ans.
Nos gouvernants sont à milles lieux de ces questionnements.
D’abord, il jouent encore et toujours sur la confusion entre la richesse d’un pays (en gros, le PIB) et la richesse de l’état (les caisses publiques), pour s’en prendre aux systèmes de solidarités et imposer des mesures d’austérités. Et ce sans questionner un seul instant l’impact social, culturel et environnemental de nos modes de vies.
Ensuite, les premières mesures proposées, ont pour seuls objectifs de gérer un système, pour le faire durer encore un peu, au bénéfice d’une oligarchie toujours plus gourmande et dominante : la nomination d’un ancien banquier d’affaire au ministère de l’économie est un bel aveu.
Dans l’éducation nationale, l’investissement dans l’outil informatique a-t-il pour principal objectif d’aider nos enfants à bien grandir, ou d’aider l’industrie informatique à grandir encore plus ? Tous les prétextes sont bons pour créer de l’emploi de plus en plus souvent inutiles et néfastes (1), sans réellement se poser la question de la répartition équitable des richesses dans une société d’a-croissance.
(1) : http://www.liberation.fr/societe/2013/08/28/y-a-t-il-un-phenomene-des-jobs-a-la-con_927711