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Il est étonnant de constater qu’aujourd’hui nos sociétés de Croissance semblent être dans la même impasse que celle des sociétés soviétiques. L’homo économicus est dans la même situation que l’homo sovieticus : vivre dans une société vouée à l’échec tout en étant incapable de croire qu’il est possible de changer.
Certes, 25 ans après, il est toujours facile de dire que la chute du bloc soviétique était prévisible et inéluctable, mais à cette époque la majorité des citoyens n’y croyait pas. « Le mur ne tombera jamais », la vie était ainsi. Personne ne pensait à vivre en dehors du communisme, sauf à quitter le bloc de l’est. Les sociétés de Croissance actuelles sont un peu comme la société soviétique des années 70 alors en pleine stagnation brejnevienne : ce n’est pas que cela va mal, ce n’est pas que cela va bien, c’est juste que c’est comme ça ; il y-a des perdants et des gagnants. Les populations s’en accommodent dans leur majorité. La société est en crise et en échec, mais surtout on ne peut rien y faire, sauf la subir. Faire autrement ne semble pas possible. Il est inimaginable de vivre dans une société où la croissance et l’économie ne sont pas les buts ultimes qui nous guident. La voie est sans issue. La voix de la sortie n’est pas entendue non plus.
Le « mur » est tombé un soir de novembre 1989. Aujourd’hui, nous devons faire tomber le mur de la Croissance qui se dresse devant nous, qui bouche nos horizons et nos espoirs. Les murs de la honte sont faits pour être tombés. Si la majorité ne l’imagine pas encore, beaucoup ont conscience des limites de nos sociétés et ont d’ores et déjà débuté la transition dans leur têtes mais aussi dans les faits. Ce mur ne tombera pas en une nuit mais il est déjà fragilisé. Continuons de le fissurer pour que leur récession subie se transforme en Décroissance choisie.