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Attendue, cette encyclique dresse un constat sans concession de ce qu’il appelle la situation de l’humanité : pollution, chute de la bio-diversité, réchauffement climatique, culture du déchet, épuisement des ressources naturelles ; mais aussi détérioration de la qualité de la vie humaine, dégradation sociale, croissance des inégalités ; et encore faiblesse des réactions. Surtout, il critique le paradigme « techno-économique » et le capitalisme avec cette course effrénée au toujours plus. Le capitalisme est clairement mis sur le banc des accusés. Son modèle de société également. Quelques citations sont sans équivoques : « Étant donné que le marché tend à créer un mécanisme consumériste compulsif pour placer ses produits, les personnes finissent par être submergées, dans une spirale d’achats et de dépenses inutiles. Le consumérisme obsessif est le reflet subjectif du paradigme techno-économique » ; « « L’humanité est appelée à prendre conscience de la nécessité de réaliser des changements de style de vie, de production et de consommation, pour combattre le réchauffement » ou encore « La situation actuelle du monde « engendre un sentiment de précarité et d’insécurité qui, à son tour, nourrit des formes d’égoïsme collectif ».
Le pape François n’hésite pas à lâcher le mot de Décroissance : « C’est pourquoi l’heure est venue d’accepter une certaine décroissance dans quelques parties du monde, mettant à disposition des ressources pour une saine croissance en d’autres parties. Benoît XVI affirmait qu’« il est nécessaire que les sociétés technologiquement avancées soient disposées à favoriser des comportements plus sobres, réduisant leurs propres besoins d’énergie et améliorant les conditions de son utilisation ».
Il pourrait même apparaître comme de gauche quand il dit : « La politique ne doit pas se soumettre à l’économie et celle-ci ne doit pas se soumettre aux diktats ni au paradigme d’efficacité de la technocratie. Aujourd’hui, en pensant au bien commun, nous avons impérieusement besoin que la politique et l’économie, en dialogue, se mettent résolument au service de la vie, spécialement de la vie humaine. Sauver les banques à tout prix, en en faisant payer le prix à la population, sans la ferme décision de revoir et de réformer le système dans son ensemble, réaffirme une emprise absolue des finances qui n’a pas d’avenir et qui pourra seulement générer de nouvelles crises après une longue, coûteuse et apparente guérison ».
Ainsi, le positionnement qu’entend donner le pape François à l’Eglise catholique se rapproche des idées de notre mouvement. Le constat est quasi-identique car lucide avec cette vision globale et complexe de la situation de notre « maison commune », même si quelques précisions dans ses critiques sur la schizophrénie ou le cynisme de nos élites aurait peut-être permis d’en éveiller quelques uns et de sortir des contradictions absurdes auxquelles nous faisons face.
Disons, qu’il a le même regard critique que nous sur la société, qu’il aurait le même but de « paix », mais que son utopie est beaucoup plus pénétrée de spiritualité que la notre. Il n’en est pas encore à être très spécifique dans ses recommandations. Des références au revenu de base couplé (si possible démonétarisé) à un revenu maximum acceptable, l’extension des sphères de la gratuité pour le bon usage, le non remboursement des parts illégitimes des dettes publiques (comme pour la Grèce) auraient permis d’aller plus loin dans les débats.
Pendant ce temps, en France, la ville de Paris a officialisé sa candidature au jeux Olympiques de 2024. Une candidature qui coûte 60 millions d’euros, rien que ça. Et dans quel but ? Organiser un événement spor … euh … économique qui nécessite des installations démesurées (dont les coûts financiers sont indécents mais les coûts écologiques irréversibles), qui organise un flicage des populations (déploiement de forces de l’ordre, vidéo-surveillance …) au service d’une idéologie abjecte. Car l’idéal olympique c’est celui de l’argent, de la compétition et de la démesure.
Le 5 décembre 1997, la Grèce festoyait lorsque les instances olympiques ont confié à Athènes l’organisation des 28èmes olympiades de 2004. Les coût de ces jeux ont été faramineux. Les populations ont été sacrifiés pour accueillir quelques sportifs, complètement obnubilés par les illusions des apports du sport dans notre société … Le lien est ténu, mais difficile de ne pas penser à situation grecque d’aujourd’hui.
La ville de Paris et avec elle la nation entière, misent sur le sport, devenu un outil au service de la Croissance, alors qu’elle organisera bientôt la grande conférence sur le réchauffement climatique.
C’est tellement plus simple de reproduire les vieilles recettes par conformisme, que de relever les défis majeur du XXIème siècle. C’est tellement plus simple de construire du spectacle que de trouver des réponses aux crises écologiques, sociales et culturelles des sociétés humaines.
Aucun de nos dirigeants semblent voir l’incohérence entre ces deux événements. Aucun n’a dû lire, non plus, l’encyclique du pape François ….
Source du dessin, Miss Lilou : http://ciel23.blogspot.fr/2015/06/le-pape-francois-devoile-une-encyclique.html