De revenu universel, il n’est finalement qu’assez peu question dans ce plaidoyer rédigé par l’ex-candidat à la présidentielle. On ne s’étonnera pas dès lors que, bien plus que sur les volets les philosophique, écologique ou économique, c’est sur le plaidoyer politique que Benoit Hamon est le meilleur et le plus incisif.
Benoit Hamon balaie en premier lieu l’ensemble des réalités problématiques de notre monde : relation à la valeur travail, toute puissance du système technicien, inégalités de droit et de fait, impuissance du système éducatif, impasse démocratique.
Sa défense sincère du revenu universel – dont il finit par dessiner les contours bien plus précisément que lors de sa campagne présidentielle – est aussi l’occasion de se poser en observateur de la politique mortifère de l’extrême-centrisme et de dresser en parallèle un projet politique, reprenant toute la rhétorique de gauche : laïcité, vivre-ensemble, émancipation par l’éducation, inversion des rapports de force…
Le lecteur objecteur de croissance ne sera pour autant pas dépaysé : Benoit Hamon convoque tour à tour Ellul, Illich, Gorz, Latouche, le MFRB, mentionne jusqu’à la DIA, et s’attaque en bonne et due forme au mythe de la croissance infinie dans un monde fini – on regrettera néanmoins qu’il préfère (pour se rendre audible du plus grand nombre ?) le terme de post-croissance à celui de décroissance.
L’ouvrage aborde finalement assez tardivement la question épineuse du comment (« comment le financer ? » « comment déterminer son montant ou sa nature ») en réaffirmant qu’il ne s’agit jamais d’un prodige comptable mais d’une décision souveraine, mais en ne s’exonérant pas d’une démonstration.
Dans l’ensemble, l’auteur se concentre principalement sur le pourquoi, sur le pourquoi pas, en répondant frontalement aux critiques venues de la gauche, et sur les conséquences concrètes de l’instauration d’un revenu universel. Et au fond, c’est sans doute cette bataille là qu’il faut mener en premier lieu, une bataille pour une nouvelle conquête sociale, qui demande surtout du courage politique.
« Ce qu’il faut de courage. Plaidoyer pour le revenu universel. » Benoit Hamon, Editions des Equateurs, 250 p, 18€