Le Dakar, la poursuite du colonialisme par d’autres moyens

Le Rallye Dakar 2018 se tient en Amérique du Sud du 6 au 20 janvier. Paul Ariès revient sur cette opération folle dont les dégâts humains et écologiques sont innombrables.

Les idolâtres du Dakar savent-ils qu’existe un fil rouge entre les premiers circuits coloniaux du XIXe siècle et ce rallye de la honte symbole de tous les conflits ? L’aventurier (sic) au volant de sa voiture, de sa moto ou de son camion sait-il que ses lointains prédécesseurs soutenaient eux aussi « apporter la civilisation » aux barbares ? Aux origines du Dakar se trouvent non seulement le Paris-Dakar mais le Nice-Dakar-Lac Tchad-Congo en motocyclette du début du XXe siècle. Le chroniqueur de La Revue des sports mécaniques ne fait alors pas dans le dentelle : « Je ne suis pas négrophile ! J’aime le bon noir doux et spontané […] Que parmi les noirs, il y ait une élite intellectuelle digne de respect, égale aux blancs, je ne le nie point, mais ce qui nous blesse c’est de voir la généralité de nos “frères noirs” assimilée à nous-mêmes » [1]. Quelques décennies plus tard c’est le raid Brazzaville-Pointe-Noire, toujours vendu comme une « mission » pas encore qualifiée d’humanitaire mais de civilisatrice : « Les indigènes se précipitaient au seuil des cases, regardant curieusement cette caravane pétaradante, des gosses crasseux essaient de courir après nous » [2]. La mission croise bientôt un marabout : « Dieu qu’il est laid ! » mais la moto « crache sa charge meurtrière. Le marabout s’envole. Notre première victime » [3].

Aucun rallye n’aura suscité autant de réactions négatives (Simone de Beauvoir, Michel Foucault, René Dumont, Haroun Tazieff, Jean-Marie Brohm… et même le pape, sans même parler des milliers d’associations) que le Paris-Dakar, symbole de tous les conflits, y compris de mémoire (civilisation versus barbarie), même si le « barbare » ce n’est plus le « bon-sauvage » (encore que) mais la nature exubérante ; même si le « civilisé » ce ne sont plus le soldat, le curé et le maître d’école, mais le pilote, l’humanitaire, le chef d’entreprise. Le Paris-Dakar est d’autant plus dangereux qu’il est un renouveau plutôt que la continuation du colonialisme d’antan. Continuer la lecture

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Une loi pour 2024 qui condamne notre futur

Maintenant que la France s’est engagée à accueillir les JO (jeux olympiques) en 2024, la ministre des sports doit, désormais, porter un projet de loi pour adapter la loi française aux conditions exigées par le CIO (comité international olympique).

Cette loi olympique comprendra plusieurs dispositions visant simplement à simplifier et accélérer les règles relatives à l’urbanisme, à l’environnement et au logement notamment en allégeant les formalités et autres procédures et en réduisant les temps de concertation (par exemple pour les expropriations). La raison est simple : disposer des installations souhaitées en temps et en heure. Peu importe que les principes qui fondent notre droit soient reniés, il faut dire que la chose la plus importante est d’accueillir des sportifs et des touristes du monde entier en 2024.

La privatisation des espaces publics est renforcée à travers le renforcement de la publicité sur des monuments historiques ou des sites classés. Les lieux potentiellement concernés sont notamment le champ de mars, l’esplanade des Invalides, les Champs Élysées, les jardins du Trocadéro, le parc de Versailles, le Grand palais. Paris risque de devenir une vitrine pour les annonceurs olympiques.
Cette loi prévoit également de réserver des voies de circulation pour les délégations olympiques et les athlètes. Nous devrons donc nous arrêter pour laisser passer ces cortèges. Une loi dont le but simplement de créer une voie de circulation pour des privilégiés.

Patrick Clastres, historien du sport et spécialiste de l’olympisme, parle d’une « loi d’exception » car elle « suspend dans un espace donné et à un moment donné la loi ordinaire ». Et, les quelques gages de transparence, prévoyant un contrôle de la Cour des comptes ou encore l’obligation de déclaration du patrimoine pour les membres du COJO (comité d’organisation des jeux olympiques), ne sauraient nous duper. Continuer la lecture

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C’est la course !! (fin)

Nous avons vu que les grandes surfaces ont envahi les périphéries de nos villes. Loin de ceintures vertes, ce sont des ceintures de béton et d’enseignes lumineuses qui enlaidissent nos villes. Et pour s’y rendre, l’automobile est le mode de déplacement roi.

Ainsi, les grandes surfaces s’inscrivent dans la civilisation de l’automobile en parallèle aux terribles habitats pavillonnaires et aux grands ensembles. Nos territoires sont ainsi remodelés avec de grandes voies menant de l’habitat aux lieux de consommations : des dizaines de kilomètres d’asphaltes afin que nous puissions rouler au plus vite pour assouvir notre besoin de consommer. Les grandes surfaces sacralisent les périphéries urbaines, le béton et l’automobile. Cette dernière est l’outil magique pour s’y rendre, mais aussi pour ramener facilement ses achats, le coffre d’une automobile est plus pratique que des bras, surtout lorsque nous faisons les courses pour une semaine. Du coup, tout est fait pour l’automobile : les accès, mais surtout les parkings gigantesques qui font face aux grandes surfaces comme la plage fait face à la mer. De fait, les grandes surfaces s’inscrivent dans la pavillonarisation de nos sociétés et participent à l’étalement urbain, véritable fléau de nos sociétés, qui sacrifient notre agriculture locale pour loger des voitures qui permettent d’acheter des produits-monde.
Plus récemment, un nouvelle façon de faire ses courses est apparue avec le « drive ». Une nouvelle façon qui relie les écrans aux grandes surfaces avec l’automobile comme lien. Le principe est simple, mais l’enjeu est important, car il relie les grandes surfaces avec le consommateur via internet. Le consommateur prépare et valide sa commande sur le net et peut passer la récupérer quelques heures après. Pendant ce temps, des petites mains la préparent et se chargeront même de les ranger dans le coffre de la voiture. Les avantages sont nombreux pour les acteurs de la grande distribution, lui permettant de prendre pied dans le multi-canal tout en fidélisant le client et en l’orientant toujours plus vers la consommation de certains produits.

Un des arguments pour promouvoir le drive est le gain de temps. Evidemment, l’objectif n’est pas de prendre son vélo le matin pour aller au marché, rencontrer des gens, des militants et des producteurs ou des marchands soucieux de leurs produits. Non, l’objectif est bien d’aller vite, de faire « moderne et confortable » (pub Auchan). La logique est simple : vous êtes assis sur le canapé et vous cliquez pour faire vos courses. Puis, vous allez les récupérer … assis dans votre voiture. Vous n’avez même pas à sortir de votre voiture, puisqu’un employé viendra charger vos courses dans votre coffre avec le sourire. Une fois chez vous, vous n’avez qu’à ranger tout ça et vous rasseoir devant votre écran. Ecran, voiture, écran : la vie est bien faite.
Reprenons Raoul Anvélaut dans le journal « La décroissance »2  sur le drive : « Pratique, non ? Et vous ne voyez pas non plus les « préparateurs de commande » qui s’échinent dans l’ombre à porter et préparer à votre place. Tout comme le lecteur qui achète un livre sur Amazon ne voit pas la chaîne d’exploitation qu’il y a entre son clic et le colis qu’il reçoit dans sa boîte. Le consommateur-roi est servi. Tout vient à lui  ] …[ le magasin drive pousse toujours plus loin les limites de la dépersonnalisation de l’existence, de son artificialisation dans un environnement hors-sol, fait d’écrans et de machines ». En agissant de la sorte, le consommateur pense gagner du temps mais ne voit pas qu’il dépersonnalise encore plus son existence et son environnement, artificialisant encore plus son environnement (avec des hypermarchés hors-sol). Continuer la lecture

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Degrowth International Conferences in 2018: Malmö in August, Mexico City and European Parliament in September

The Support Group of the International Degrowth Conferences is happy to announce three degrowth events for 2018. After the conferences in Paris (2008), Barcelona (2010), Venice and Montreal (2012), Leipzig (2014) and Budapest (2016), in 2018 there will be:

1) 6th International Degrowth Conference for Ecological Sustainability and Social Equity: ‘Dialogues in turbulent times’
Where: Malmö (Sweden)
When: 21-25 August 2018

This conference aims at expanding the geographical and thematic scope of degrowth discussions, as well as building dialogues with critical social theories, sciences and social movements. Malmö is a perfect city to host such a conference. Vibrant and mixed, but also relaxed and down-to-earth, it has a strong presence of alternative forms of organising and a varied cultural and grassroots life. We want this conference to further consolidate these and act as a platform for mutually enriching dialogues among groups from around the globe striving for a better world.

More info at: https://malmo.degrowth.org/
Find the calls for academics, activists and artists here (Deadline: 31st of December): https://malmo.degrowth.org/calls-for-participation/

Parallel to the 6th International Degrowth Conference, two complementary and twin events will take place:

2) The First North-South Conference on Degrowth: Decolonizing the social imaginary
Where: Mexico City (Mexico)
When 19-21 June 2018 -> 4-6 September 2018

EN: The First North-South Conference on Degrowth will be held in Mexico City, supported by universities, NGOs, and social movements. It will be an occasion to open and continue in-depth debates around the dominant illusions on economic growth. These are already ongoing debates inside and across the societies that are on their way to become modern and developed as well as those ‘excelling’ in these aspects. For the first time, a Latin American country will host an international gathering on Degrowth, after five conferences in Europe and one in Canada. Decolonization of the imaginary, Survival, Cultures, and Wealth will be the main issues under discussion.

ES: En 2018 tendrá lugar la Primera Conferencia Norte-Sur sobre Degrowth, México 19-21 Junio 2018, apoyada por entidades universitarias, ONGs y movimientos sociales de este país, con el propósito de abrir y dar continuidad a debates de gran calado en torno a las ilusiones o quimeras dominantes sobre el crecimiento económico, de las sociedades en camino de la modernidad y el desarrollo y las sociedades que sobresalen en estos aspectos. Por primera vez, un país Latinoamericano servirá de sede para debatir los temas del Decrecimiento, después de cinco conferencias en Europa y una en Canadá. Serán temas centrales de esta conferencia: la Descolonización del imaginario social, la Supervivencia, las Culturas y la Riqueza.

http://degrowth.descrecimiento.org/

3) Degrowth in the EU Parliament: Post-growth conference to challenge the economic thinking of EU institutions with influential EU policy-makers
Where: European parliament, Brussels (Belgium)
When: 18-19 September 2018

A post-growth conference supported by various stakeholders (Members of the European Parliament from different political groups, academics, NGOs and unions) will take place in the premises of the European Parliament on September 18-19 2018, coinciding with the 10th anniversary of the collapse of the US Bank Lehman Brothers that sparked the economic crisis in which we are still trapped.
Given its central location close to the heart of the European Union decision-making, the conference will offer a unique opportunity for the EU civil society to confront their views with those of EU officials and staff that defines the core of the economic model and political priorities. Considering that the latter are not compatible with a fair and ecological transformation of our societies, workshops will address the theoretical design of models used to frame the European economy, the relevance and feasibility of basic income schemes, the ultimate goal of the internal market and the environmental consequences of technological progress. The aim of these days – about one year before the next European elections and the nomination of a new Commission – will be to create a cultural contagion effect by which the thinking of policy makers will tilt towards genuine sustainability.

The work will be preceded by a preparatory session at the Université Libre de Bruxelles and followed by a debriefing and exchanges on how to coalesce allies to ensure that change will actually happen.

More information: http://www.postgrowth2018.eu/

Future conferences: If anyone is interested to organize future international degrowth conferences, please do not hesitate to contact the Support Group.

The Support Group (SG)
The SG is the official promoter of the International Degrowth Conferences. It is composed by people who have been highly involved in the local organizing committees of the previous international conferences.
Contactsupportgroup@degrowth.org
For more information and updates seehttps://degrowth.org/conferences/
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Conférences Internationales de la Décroissance 2018 : Malmö en août, Mexico City et au Parlement Européen en Septembre

Le collectif d’organisation des Conférences Internationales de la Décroissance est heureux de vous annoncer trois nouvelles rencontres en 2018. 

Plus d’informations : En 2018 auront lieu trois grandes rencontres internationales de la décroissance

Après les conférences de Paris en 2008, Barcelone en 2010, Venise et Montréal en 2012, Leipzig en 2014 et Budapest l’année dernière, nous vous invitons toutes et tous à :

1) La 6ème conférence internationale de la Décroissance : « Dialogues en périodes troublées » « Dialogues autour d’une époque mouvementée »
A Malmö (Suède)
Du 21 au 25 août 2018

Cette conférence a pour objectif de mettre en dialogue des écoles de pensée radicales et les mouvements sociaux de l’écologie et l’émancipation sociale. Malmö semble toute indiquée pour accueillir cette 6ème conférence internationale : dans un contexte multiculturel, elle regorge de dynamiques citoyennes mobilisées autour de réseaux militants, alternatifs et créatifsEn s’appuyant sur ces dynamiques locales riches et variées, il s’agira d’ouvrir et renforcer les échanges autour de la Décroissance, de nourrir une analyse critique de la social-démocratie nordique, ainsi que d’approfondir certaines thématiques et échelles géographiques telles que les migrations et les expériences moyen-orientales.

Plus d’infos : https://malmo.degrowth.org/

En parallèle de cette 6ème conférence se tiendront deux autres rencontres complémentaires :

2) La première conférence sur la Décroissance pour un dialogue Nord / Sud : « Décoloniser nos imaginaires »
A Mexico City (Mexique)
Du 19-21 Juin 2018 -> 4-6 Septembre 2018

La première conférence pour un dialogue Nord / Sud au sein de la Décroissance se tiendra à Mexico, en coopération avec différentes universités, ONG, initiatives locales et mouvements sociaux. Cette première rencontre en Amérique Latine invite à questionner les limites de l’idéologie du développementainsi que la pertinence de la Décroissance, pensée née en Europe, dans les pays du Sud. Survivre au développement, décolonisation de nos imaginaires, mais aussi culture, richesse et pauvreté, seront les principales thématiques abordées.

Plus d’infos, appels à participation sur http://degrowth.descrecimiento.org/

3) La Décroissance s’invite au Parlement Européen : « Conférence participative pour défier la pensée économique des institutions européennes »
Au Parlement Européen, Bruxelles (Belgique)
Les 18 et 19 septembre 2018

Une rencontre-débat participative sur l‘après-croissance se tiendra à Bruxelles en présence d’une large diversité d’actrices et d’acteurs : députés de divers groupes parlementaires européens, lobbyistes et membres de la Commission, universitaires et chercheurs, ONG, associations et alternatives locales, représentants syndicaux, de la société civile. 10 ans jour pour jour après l’effondrement de la banque d’investissement Lehman Brothers, cette rencontre a pour but d’ouvrir le débat sur le rôle que pourrait jouer, ou pas, l’Union Européenne dans le cadre d’un projet de Décroissance, en confrontant une variété de points de vue.
Au cœur d’institutions européennes allant aujourd’hui à l’encontre d’une transformation juste et soutenable de nos sociétés, des ateliers participatifs seront proposés pour questionner différentes thématiques telles que : le modèle économique européen, la mise en place d’un revenu de base, le but des marchés et les conséquence environnementales et humaines du développement technologique.
Un an avant les élections européennes et la nomination d’une nouvelle Commission, il s’agit aussi d’imprégner les débats des enjeux et questions portés par la Décroissance pour plus de justice sociale et environnementale.

Cette rencontre sera précédée d’une session universitaire préparatoire à l’Université Libre de Bruxelles.
Appels à participation, inscriptions, informations : http://www.postgrowth2018.eu/

 

Le collectif d’organisation des conférences Internationales de la Décroissance (Support Group)
Ce collectif est composé d’organisateurs des précédentes éditions de ces conférences.
Contactsupportgroup@degrowth.org

Plus d’informations sur : https://degrowth.org/ conferences/

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C’est la course !! (suite)

« La difficulté n’est pas de comprendre les idées nouvelles, mais d’échapper aux idées anciennes ». 
John Maynard Keynes

Aujourd’hui, plus de 70 % des produits alimentaires sont achetés en grande surface. Mais l’alimentaire ne constitue pas leur seul champ d’action. Désormais, tout se retrouve dans les grandes surfaces spécialisées (jouets, vêtements, bricolage, sport …) créant ainsi d’immenses zones commerciales qui pullulent aux périphéries de toutes les villes de France. Qu’est-ce qui se cache derrière ces mastodontes que nous retrouvons en format réduit dans les centres de nos villes, ou en périphérie de nos plus grands villages ? Sont-ils là simplement pour nous faciliter la vie, pour vivre mieux et mieux consommer ou, au contraire, sont-ils l’aboutissement de l’emprise d’un capitalisme exaspérant dans sa volonté de contrôler nos modes de vie ?

Les grandes surfaces sont apparues après la deuxième guerre mondiale, dans un contexte où notre mode de vie va largement évoluer avec une urbanisation croissante, le salariat et le travail des femmes en plein essor, l’industrialisation de l’agriculture mais aussi l’équipement des ménages en réfrigérateur et en automobile.
Elles se sont répandues tout au long des « trentes ravageuses » (1) et encore plus après. C’est simple, plus le capitalisme s’est libéré, plus les grandes surfaces ont gagné du terrain et, plus le béton a dominé la terre. Ne soyons pas dupes, derrière les slogans alléchants des grandes surfaces se cachent les capitalistes les plus outranciers. Derrière les rêves, se cachent une idéologie et des conséquences désastreuses.
Ne voir les grandes surfaces que comme un amoncellement de produits moins chers pour le consommateur, c’est comme regarder un paysage avec une loupe, c’est manquer l’essentiel ; c’est oublier que les grandes surfaces sont un maillon essentiel du système capitaliste.
Et, leurs implantations ont des conséquences tant au niveau spatial qu’au niveau de nos modes de vie, avec des conséquences sociales et écologiques « invisibles ».

Un maillon du capitalisme le plus débridé
Les grandes surfaces sont à la base d’un des fondements du capitalisme qui consiste à vendre en masse tout en imposant des normes de consommation, pour justement consolider cette consommation de masse. Or, qui dit consommation de masse suppose une production de masse dont l’aboutissement est l’émergence et le développement exponentiel, tout au long du XXème siècle, du complexe agro-alimentaire. Ce complexe va uniformiser nos goûts pour uniformiser les productions, pour finir par uniformiser nos vies.
Les grandes surfaces concentrent désormais l’ensemble de nos besoins à des coûts réduits. Ainsi, nous pouvons effectuer les courses du foyer pour une semaine, quinze jours, quand ce n’est pas pour le mois. Les grandes surfaces deviennent immenses, démesurées. L’offre de produits devient presque indécente : le même gâteau est présent sous un packaging différent à 3 ou 4 reprises. Car l’objectif des grandes surfaces est de faire des bénéfices, d’en faire toujours plus, il faut donc que le consommateur consomme plus, toujours plus. A cette fin, il faut d’un côté tirer les prix vers le bas auprès des producteurs et, d’un autre côté lui imposer ou créer de nouveaux besoins qui aboutiront à de nouveaux achats. Les grandes surfaces maîtrisent le « vendre moins cher » par la réduction des coûts du personnel (libre-service et rationalisation du stockage et de la manutention), un aménagement dépouillé des magasins, la massification des commandes, la rotation accélérée des stocks, et surtout la réduction des marges pour les producteurs (2).
Mais, toujours dans l’optique de vendre plus, les grandes surfaces s’efforcent d’inspirer ou prescrire des besoins que le consommateur n’avait pas en entrant dans le magasin. Pour ce faire, il faut le frustrer, le faire culpabiliser de ne pas avoir encore tel ou tel produit, pour qu’enfin il l’achète. Et les grandes surfaces vont user de toutes les ficelles de la publicité pour … vendre même l’inutile. Périgo Légasse (3), explique justement : « « La publicité a lavé les cerveaux et la grande distribution finit le travail en gavant le consommateur de produits sans âme et sans saveur ».

« Songeons à la multiplication des objets inutiles et rappelons-nous de la réaction de Socrate qui se serait écrié en entrant dans une boutique :  » Que de choses dont je n’aurai jamais besoin !  » que dirait-il aujourd’hui en entrant dans un supermarché ? »
Albert Jacquard

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« Vers une école sans écrans ? » dossier dans silence n°459 avec « Un Projet de Décroissance »

La numérisation de l’école avance à marche forcée, à grands renforts de budgets et de partenariats public/privé. Au nom de la modernité, évidemment. Au milieu de ces enjeux politiques et économiques, les enseignant·es et les élèves se retrouvent pris·es dans un quotidien habité par les écrans : pour enseigner, pour apprendre, pour faire l’appel en classe, pour communiquer avec les familles ou avec l’administration, etc. Ce dossier fait un bilan critique des impacts écologiques, sanitaires, pédagogiques et sociaux d’un tel plan. Silence interroge des enseignant·es qui se sont regroupé·es pour refuser d’appliquer les directives numériques, et s’intéresse aux alternatives pédagogiques à la numérisation de l’école.

Au sommaire du dossier :
– Le numérique à l’école : refus et résistances, par Guillaume Gamblin
– Un désastre écologique, social et pédagogique, par Guillaume Gamblin
D’un écran à l’autre… la journée d’une collégienne, par Christophe Ondet
– Quelles alternatives pédagogiques à l’école numérique ?, par Guillaume Gamblin
Un dossier coordonné par Guillaume Gamblin

Ci-dessus, l’article de Christophe Ondet dans Silence! Cet article est le 1er d’une trilogie initialement publié sur le site de http://www.projet-decroissance.net/

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C’est la course !!

Un klaxon sort Sylvie de sa torpeur. Le feu est vert, elle tourne à droite et arrive sur un immense parking. Sylvie, 42 ans, pensait encore à son travail. Chef de projet dans une société de sécurité informatique, le boulot ne manque pas et la fin de semaine sera chargée. Mais aujourd’hui, c’est mardi, et c’est relâche. En fait, elle finit plus tôt, à 15 h 00 grâce aux 35 h. Elle préférerait avoir son vendredi après-midi mais elle n’a pas encore assez d’ancienneté dans la boîte. Du coup, elle en profite et fait les courses pour la famille. Une fois sa voiture récupérée à la gare, elle file à « l’hyper » au grand désarroi de sa sœur. Cette dernière essaie de la convertir au « drive ». Depuis quelques mois, elle fait ses courses via le net. Le lendemain, elle les récupère dans un vaste entrepôt où comme, par enchantement, des petites mains les ont préparées et, les chargent même dans sa voiture. Mais Sylvie aime bien se rendre dans la zone commerciale, elle regarde les promotions, les nouveautés. Elle a l’impression de chiner. C’est presque un moment de détente. Mais aujourd’hui, priorité est donnée à l’alimentaire, pas le temps de flâner.
Déjà, le trajet en voiture n’est pas un plaisir. Il n’y a que 20 minutes entre l’appartement et la « grande surface » mais Sylvie n’aime pas conduire sur les grands axes. Par contre, une fois dans le magasin, elle sera beaucoup plus détendue, non pas parce que l’endroit est chaleureux mais parce qu’elle est seule, finalement tranquille. Elle a l’impression que c’est un temps pour elle. Cela dit, il ne faut pas traîner car à 17h30, il faudra être rentrée pour emmener Alexandre au tennis.
Sur le parking, c’est fête car une belle place l’attend, juste à côté des chariots et à moins de 20 mètres de l’entrée de du centre commerciale du Bois d’Aulne. Sylvie ne s’en souvient pas mais le nom du centre commercial fait référence à la forêt qui se tenait, jadis, en lieu et place du béton déversé par l’homme pour bâtir ce temple de la consommation. Il en reste quelques vestiges : un arbre à chaque entrée du bâtiment et un à l’intérieur de la galerie marchande.

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Thème des Rencontres Estivales 2017 du 23 au 26 Août 2017 – Guilligomarc’h (Finistère)

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Je suis Suisse

Les attentats successifs nous rappellent à la violence de l’humanité. Certes à la violence que notre civilisation subit, mais ils devraient aussi nous rappeler aux violences intrinsèques de cette même civilisation et à celles qu’elle engendre. Violences trop souvent déniées.

Nous avons été Charlie, Paris, Nice, Manchester, Londres. Ce « nous » permet de nous rassembler derrière l’imaginaire d’un destin commun et d’un vivre ensemble à préserver. Avec de tels drames et actes de barbarie, comment ne pas être choqué, comment ne pas être contre, comment ne pas vouloir communier ?
Cet imaginaire commun permet surtout un lavage de cerveau en douceur. Comment également ne pas oublier les travers d’une société qui a permis un tel déclenchement de haines, comment ne pas oublier les insuffisances d’une société de Croissance de plus en plus inégalitaire, comment ne pas oublier sa violence également, plus silencieuse et moins démonstrative mais quotidienne ? (*)

Aujourd’hui, au-delà d’être mancunien, nous avons envie d’être suisse … Car ils ont fait le choix de dire non au nucléaire. Ils ont fait le choix de dire non à ses dangers, à ses violences et à ses chimères également (**).

Certes, en finir avec le nucléaire ne signifie pas un renversement à venir des schémas de pensée dominant. Mais il marque à la fois la possibilité d’action des citoyens, il signifie que nous pouvons faire bouger les lignes et, finalement, réorienter nos vies. En sortant du nucléaire, on assume de ne plus croire à l’imaginaire d’une énergie infinie et sécurisée. C’est aussi, indirectement, mettre à mal un des mythes de la société de Croissance.

C’est pour cela qu’aujourd’hui, nous avons l’envie de dire « je suis suisse » … car nous sommes anti-nucléaires.

(*)
http://www.partipourladecroissance.net/?p=9040
http://www.partipourladecroissance.net/?p=9140

(**)
Sortie progressive mais sortie quand même.
http://www.sebasol.ch/public/Communiqu%C3%A9%20de%20presse%20de%20Sebasol%20sur%20la%20votation%20du%2021.05.17.pdf

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Des candidatures « Les décroissant.e.s » aux législatives

Renouvelant l’expérience de 2012, la mouvance décroissante sera encore présente aux élections législatives de 2017. Regroupés sous une même étiquette nationale « les décroissant.e.s », 16 candidats ou candidates sont en effet présents dans des circonscriptions réparties sur tout le territoire. Ils disposent du matériel électoral nécessaire pour assurer la visibilité des idées de la décroissance : professions de foi, bulletins, affiches.

La partie commune des professions de foi : http://decroissance-elections.fr/verso-commun-aux-candidat-e-s-decroissant-e-s/

Nous n’avons qu’une Terre : http://decroissance-elections.fr/nous-navons-quune-terre/

Toutes les informations : http://decroissance-elections.fr/

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Front National, ce diable de confort qui permet de cacher les alternatives au capitalisme

La grande déprime…

Oui, c’est vrai, comment ne pas le constater, nos modes de vie engendrent de la frustration, du mal-être, des peurs et des haines,

Comment nier que notre système économique, pivot de notre modèle de société, est exigeant, oppressant, voire tyrannique, que ce soit pour celles et ceux qui ont un emploi, un de ces « bullshit job » ou encore celles et ceux condamnés à la précarité ou au chômage ? Les premiers doivent faire face à une remise en cause permanente d’eux-mêmes, à une pression toujours constante pour améliorer leur productivité et pour mériter leur place. Ils doivent également subir toujours plus de stress, et sont toujours plus confrontés à des questions éthiques sur leur rôle dans cette société. Les seconds font face à une misère grandissante, à toujours plus d’humiliations, à un sentiment de rejet. Nos sociétés nous mettent en concurrence en utilisant la peur du chômage. La religion des indicateurs et l’économicisme rendent nos vies et activités toujours plus absurdes. De même, en nous opposant, on renforce la peur du déclassement, toujours plus prégnante, accompagnée d’un sentiment d’abandon, de ne pas être entendu, d’être lésé par un système injuste. Nos vies, trop chargées, ne laissent que peu de temps pour souffler. La pression imposée par notre monde moderne est insupportable, à telle point que nous nous croyons dans des situations moins confortables qu’il y a 40 ans… ou que chez le « voisin », « l’autre », qui serait, lui, « protégé », « assisté »… C’était mieux avant… Et c’est mieux ailleurs…

Alors, oui, il est légitime d’exprimer ces frustrations, ces peurs. Il est sain de se révolter contre ces injustices.

Mais aussi construite, entretenue

Ces constats se retrouvent dans plusieurs études convergentes et mettent en avant un mal-être, des souffrances objectives. Mais il ne faut surtout pas négliger leur dimension subjective !

En effet, ce malaise est partiellement construit et renforcé par la société du spectacle, les médias et la publicité avec l’imaginaire qu’ils développent. Nous sommes dominés, individuellement et collectivement, culturellement et socialement, par le « toujours plus » qui génère de multiples insatisfactions. La rivalité ostentatoire, même inconsciente, est renforcée par des inégalités endémiques, en permanence exacerbée. Et ce, non sans manipulation : la publicité sait utiliser les techniques les plus subtiles, perverses et efficaces afin de nous faire désirer toujours plus en s’appuyant sur les neurosciences, la psychologie et la psychologie sociale… Ainsi, il faut consommer toujours plus pour produire toujours plus pour préserver son niveau de vie… Mais aussi conserver son emploi pour consommer encore plus…

Enfin ce mal être est d’autant plus fort qu’il fait face à un manque de projet collectif. L’individualisme exacerbé, le culte de la personne et la pression sociale intenable qu’il engendre, en particulier à travers les réseaux sociaux transforment tout échec, toute frustration en une blessure narcissique qu’aucun projet commun ne viendra compenser.

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Front National, ce diable de confort qui permet de cacher les alternatives au capitalisme

La grande déprime…

Oui, c’est vrai, comment ne pas le constater, nos modes de vie engendrent de la frustration, du mal-être, des peurs et des haines,

Comment nier que notre système économique, pivot de notre modèle de société, est exigeant, oppressant, voire tyrannique, que ce soit pour celles et ceux qui ont un emploi, un de ces « bullshit job » ou encore celles et ceux condamnés à la précarité ou au chômage ? Les premiers doivent faire face à une remise en cause permanente d’eux-mêmes, à une pression toujours constante pour améliorer leur productivité et pour mériter leur place. Ils doivent également subir toujours plus de stress, et sont toujours plus confrontés à des questions éthiques sur leur rôle dans cette société. Les seconds font face à une misère grandissante, à toujours plus d’humiliations, à un sentiment de rejet. Nos sociétés nous mettent en concurrence en utilisant la peur du chômage. La religion des indicateurs et l’économicisme rendent nos vies et activités toujours plus absurdes. De même, en nous opposant, on renforce la peur du déclassement, toujours plus prégnante, accompagnée d’un sentiment d’abandon, de ne pas être entendu, d’être lésé par un système injuste. Nos vies, trop chargées, ne laissent que peu de temps pour souffler. La pression imposée par notre monde moderne est insupportable, à telle point que nous nous croyons dans des situations moins confortables qu’il y a 40 ans… ou que chez le « voisin », « l’autre », qui serait, lui, « protégé », « assisté »…  C’était mieux avant… Et c’est mieux ailleurs…

Alors, oui, il est légitime d’exprimer ces frustrations, ces peurs. Il est sain de se révolter contre ces injustices.

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Appel à des candidatures pour la décroissance aux élections législatives de juin 2017

Pourquoi la décroissance ? Parce qu’il ne s’agit plus d’objecter à la croissance, il s’agit de repasser sous les seuils de soutenabilité sociale et écologique.

Au regard du monde dans lequel nous pataugeons, il est indispensable d’emprunter collectivement le trajet de la décroissance vers des sociétés écologiquement soutenables, socialement décentes et démocratiquement organisées. Étant entendu que cette décroissance passe par la baisse de l’extraction, de la production, de la consommation, des déchets.

La question des limites est un élément crucial de la philosophie politique naissante de la décroissance. Or, les lois sont des limites dont se dotent les Hommes pour réussir à vivre ensemble, c’est une des raisons pour lesquelles il est légitime de se présenter aux élections législatives qui auront lieu les 11 et 18 juin 2017. Notre projet non-electoraliste se doit d’être présent lors de ce débat, sans tomber dans l’illusion d’une élection changeant la société.

Les décroissant.e.s réuni.e.s à Peyrat de Bellac les 29 et 30 octobre 2016, lancent cet appel pour présenter 90 binômes de candidat.e.s décroissant.e.s aux législatives de 2017. Ces candidatures doivent être l’occasion de faire campagne pour rendre visible la décroissance dans le débat public avec des propositions identifiantes et clivantes.

Nous faisons le choix d’être présents aux législatives de manière autonome. Le projet cohérent que nous définissons depuis des années ne peut trouver sa place au sein des partis écologistes (capitalistes) ou d’extrême gauche (productivistes) actuels. De plus, ce projet ne peut se réduire à la transformation de la démocratie représentative (tirage au sort, listes ou candidatures « citoyennes ») portée par de nombreux groupes à chaque élection désormais.

Pour atteindre ce premier objectif de visibilité de la décroissance nous ferons campagne avec nos bulletins, nos programmes et nos affiches, sans quoi notre projet serait à nouveau condamné à l’invisibilité.

Le deuxième objectif est de rechercher les financements public et privé des organisations politiques afin de se donner les moyens financiers de rendre visible la décroissance.

L’engagement politique auquel nous vous appelons nous amènera à écrire ensemble les idées du programme à faire connaître à nos concitoyen.nes.

Retrouver le sens des limites, redonner du sens à nos vies en désirant préserver la vie sur Terre, une vie décente pour nos petits-enfants : n’est-ce pas là une ambition enthousiasmante ?

Nous vous invitons à nous rejoindre. Vous pouvez dés à présent vous organiser localement et prendre contact avec le groupe de travail « Elections ».

? Contacts du groupe de travail Élections du Processus-Décroissance :

Source : Processus Décroissance

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La fin des villes, reprise de l’action

Alternatives citoyennes et habitantes
aux Métropoles et à leurs Méga-Régions

La réforme territoriale a entériné et accéléré la métropolisation de nos territoires : soutien au développement des grandes villes, multiplication des grandes prospectives d’aménagement, prolifération de leurs grands projets…
Le productivisme de la sainte croissance retrouve en cela un ressort important. Dans le même temps, mobilisations et alternatives se sont multipliées.
Tout le territoire national est à ce jour pratiquement concerné, pour ne pas dire occupé. Et ce mouvement est aussi tangible à l’étranger.
Après les Actes I et II de la reprise par la critique (Carnets de la décroissance numéro 2), nous voici à l’Acte III (Carnets de la décroissance numéro 3), celui de la reprise par l’action. Plus de 150 initiatives sont analysées, partout en France, dans leurs liens à la décroissance et à des à-venir déjà présents.
Entre résistance et dissidence, entre opposition et sécession, entre collectifs organisés et engagements plus individuels, depuis les villes jusqu’à surtout leurs marges et leurs dehors, toutes ces actions manifestent des communs face au virage néolibéral de nos sociétés : ménagement et respect de la terre par son habiter, entraides et solidarités par la coopération, ou encore nouvelles formes, réellement démocratiques, de l’action collective par l’autonomie.

Ouvrage coordonné par Guillaume Faburel et Mathilde Girault enseignant-chercheurs en urbanisme et géographes associant 15 autres contributeurs, tou-te-s militant-e-s et/ou chercheur-e-s. Format A5 – 140 pages – 7 €

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